Que ce soit un choix ou par hasard, elles
vivent seules. Seules mais pas solitaires, célibataires mais pas
rabat‑joie.
Leurs expériences, vécues de manières différentes, sont très positives: à
toutes ces femmes, la vie en solo aura apporté un bien‑être inattendu. Un
vrai plus.
Découvrir que l'on peut très bien vivre toute seule et en être parfois
très heureuse, c'est un grand atout, une force pour la vie future.
Trois heures du matin; l'aspirateur à la
main, Clara entonne: « Si je t'aime, prends garde à toi ... », accompagnée
par la Callas‑Carmen. Clara ne craint ni les problèmes avec les voisins
(elle vit dans une maison), ni les cris ulcérés d'un mari, elle est
célibataire. A 25 ans, elle vit seule comme 52,6% de la population adulte
française, et elle est loin d'être une exception, puisque plus d'une femme
sur trois est célibataire à cet âge.
Une nouvelle génération de célibataires
voit le jour: dynamiques, responsables, elles trouvent dans cet état force
et équilibre.
Elles bouleversent les idées reçues, clamant qu'il est
normal de vouloir vivre seule pour apprendre à s'assumer, qu'une carrière
doit se construire et qu'elles ont bien le droit de mener une «vie de
garçon», pardon «de fille », avant de se ranger!
Leur argument choc: il
faut devenir responsable de soi avant de vouloir le devenir pour d'autres.
Cette vie en « solitaire », elles ne la magnifient pas, avouant jouer sur
la corde raide entre égoïsme et altruisme. Certaines d'entre elles
toutefois s'y attachent. Comme Laurence, 48 ans, qui n'a jamais voulu
renoncer à son autonomie, ou Agathe, 28 ans, divorcée, qui vit sa nouvelle
passion à distance.
Pourtant, bon nombre considèrent que le but
de cette marche d'équilibriste est le couple. Un couple plus solide, car
comme le disent Clara, Alix et bien d'autres: « L'indépendance, c'est le
respect de l'autre.» Or l'indépendance, ça s'apprend. Vivre seule n'est
pas facile, Violette n'a pas réussi du premier coup. A 20 ans, elle
s'installe dans un studio et... c'est la déprime. Après six mois, elle
retourne chez ses parents: « Je n'étais pas mûre psychologiquement. »
Vivre libre n'est pas rose, cela demande une énergie décuplée. C'est
apprendre à faire toutes sortes de choses pour soi, se motiver pour avoir
un cadre de vie agréable: le laisser‑aller gagne vite sur tous les
terrains.