Joli compliment. Vous percevez, j'imagine, l'agrément qu'il y a à conserver bien murées dans sa petite âme fraîche et candide toutes ces confidences empoisonnées. Pour éclairer les longues soirées d'hiver, il doit y avoir plus gai, non ? Surtout qu'en fait de "secret"...
Annabelle, 35 ans, mariée, deux enfants, était hôtesse d'accueil dans un laboratoire d'analyses. Elle a occupé durant trois ans sans déplaisir ce poste-carrefour très exposé géographiquement...
Il existe ainsi des métiers "à risque"
(infirmière, pharmacienne, avocate, etc.) ou des situations dans l'espace (travailler à l'entrée d'une enfilade de bureaux, occuper la première pièce en rentrant... ) qui favorisent indéniablement la confidence-brûlot : "Ah ! , Tiens, tu es là, à propos, j'ai un truc hyper secret à te confier. Mais attention, hein, ne répète surtout rien à personne d'autre..."
En cas d'indiscrétion, vous risquez de passer pour l'indélicate bavarde fautive de tout mal. Aussi, mieux vaut fuir comme la peste toute confidence ou demande d'appréciation formulée sous le sceau du secret.
La
prudence s'impose... Il suffit en principe de prévenir l'intéressé(e) que
son secret de polichinelle lui appartient en propre. Vous ne désirez
surtout pas l'en déposséder parce que vous, vous pensez que les secrets ne
sont acceptables et rigolos... que s'ils peuvent être dévoilés, répétés,
colportés.
Normalement, ce soupçon de cynisme devrait décourager les provocateurs...
C'est en
tout cas cette technique qu'a efficacement employée Annabelle, qui a par
ailleurs préféré émigrer dans un coin de laboratoire peut-être moins cerné
de plantes vertes, mais nettement plus à l'abri des commérages : " Je suis
plus tranquille, moins stressée... Quand on vient me demander quelque
chose, ce n'est pas par hasard. C'est parce qu'on en a vraiment envie.
C'est tout différent. "