Le courant du «cru»
n'est pas une mauvaise nouvelle à propos de la sexualité féminine. Nous
n'avons pas le sexe triste, nous avons le sexe qui s'interroge!
Depuis Freud, on
qualifie la sexualité féminine de continent noir. Les femmes commencent à
peine à explorer et à exprimer cette partie d'elles-mêmes, alors que les
hommes le font depuis toujours!
Catherine Millet a eu
beaucoup de courage et son livre, avant d'être un livre sur le sexe, est
le portrait d'une jeune femme névrosée par ses relations avec ses parents.
Certains reprochent
aux auteurs de romans érotiques de se poser uniquement comme objets
sexuels. Ces filles admettent que la culture a fait d'elles des objets.
Mais en écrivant sur leur sexualité, elles se la réapproprient et en
redeviennent les sujets!
Oui, les femmes ont
des fantasmes !
Longtemps, on a pensé
que les femmes n'avaient pas de fantasmes sexuels. Cela faisait bien
l'affaire des hommes ! Mais les femmes en ont toujours eu, des fantasmes.
De ceux qui sont présents dans les livres et les films actuels. Jusqu'à
récemment, ils étaient censurés. Seuls étaient permis les fantasmes
sentimentalisés, dans un contexte d'amour et de tendresse.
En 1973, l'Américaine
Nancy Friday publiait Mon jardin secret (Éditions de Mortagne), dans
lequel des femmes avouaient toutes leurs fantaisies érotiques, pas
nécessairement enrobées de sept voiles blancs dans un décor tropical. Sexe
de groupe, avec un partenaire inconnu, entre femmes, avec un animal, en
public, masochisme, soumission... Sur une note plus soft, Le petit livre
des fantasmes, de Valmont (Trait d'union), explore notamment l'imaginaire
érotique féminin. Idem pour les deux tomes de Nouvelles érotiques de
femmes, de Julie Bray, et pour Histoires de filles, de la sexologue Julie
Pelletier.
Éros ne se nourrit pas
que des sentiments nobles de l'être humain. Il est allumé aussi par le
risque, la haine, la transgression des tabous. Cela est récupéré par les
femmes, aujourd'hui. Éros appartient désormais aux deux sexes.
Le dévoilement des
aspects plus sombres de la sexualité féminine, qui se sont faufilés au
cinéma et en littérature, témoignerait-il simplement d'une plus grande
libéralisation de la sexualité des femmes? Éros circule mieux que jamais
dans l'univers fantasmatique et dans la réalité féminine. Mais cela
entraîne aussi des conséquences négatives, car l'éros engendre de la
détresse.
Cette détresse qui suinte de toutes les pages et de toutes les
images de Putain, Pornocratie et de La Pianiste.