J’ai peur d’avoir un défaut de fabrication.
Sophie, 29 ans – Serge, 39 ans.
Notre sexualité ronronnait gentiment jusqu'au moment où j'ai désiré très fort un bébé.
Serge, déjà papa d'une grande fille, se montrait peu enthousiaste mais s’est résigné. Et puis le bébé n'est pas arrivé.
Au bout de deux ans d'examens, de courbes, de rendez-vous, j'ai dit stop. Je ne voulais pas le perdre.
En fait, nous avons
surtout perdu le chemin du lit. Si on m'avait dit qu’à mon âge on pouvait
se passer de galipettes, j'aurais sûrement ri ! On s'embrassait, on se
tenait la main, mais on n'avait pas envie d'aller plus loin.
Quand ça nous arrivait
d'ailleurs, j'avais mal et très peur : ma gynéco m’avait rassuré en ne me
trouvant pas de défaut de fabrication mais je me rendais bien compte que
j'avais changé.
Je n'osais pas prendre
des initiatives, poser ma main trop longtemps sur lui, porter des jupes.
Je devenais pudique car j'avais pris 7 kilos. Je préférais me cacher.
Les séances de
massages m’ont redonné envie de mon corps et envie du corps de Serge qui
s’est senti aussi soulagé à en me donnant du plaisir. Et ma petite Clara
est arrivée.
Commentaires
Ici, le lien érotique a été détruit par une problématique d'enfant non résolu. Quand la médecine ultramoderne s'immisce dans l'intimité d'un couple, l'homme est souvent relégué au rang d'outil ou d'accessoire.
Dans ce cas précis, il y eut échec et non-dit. Sophie semble avoir du mal à retrouver ses marques : se voit-elle de nouveau comme une amante ou cherche-t-elle encore, dans sa tête, à devenir mère ?
Serge se sent peut-être aussi coupable de ne pas avoir apporté ce bonheur à sa femme.
Tous les rôles ont été bouleversés et les deux partenaires demeurent fragilisés.