Les couples qui ne font plus l’amour sont-ils plus nombreux ?
On constate une augmentation des troubles du désir chez des gens jeunes qui s'aiment et dont le couple paraît solide. Ils ne peuvent vivre l'un sans l'autre mais ils n'ont pas envie de faire l'amour. Ils ne consultent pas souvent car ils ne souffrent pas de cette situation. Parfois, ils viennent se rassurer sur leur "normalité" ou désirent un bébé, mais ils n'ont pas une vie sexuelle assez fréquente pour y arriver.
Une tranche d’age semble t-elle plus touchée ?
La génération des 30 ans, qui se trouve en plein début de carrière et dont toute l'énergie vitale passe dans le travail, n'a plus guère le temps de se retrouver à deux au lit. Et la cinquantaine pose aussi des problèmes spécifiques. D'une façon générale, on peut constater une certaine usure du désir après trois à cinq ans de vie commune, et même avant en cas de grave stress, notamment professionnel.
Comment se manifeste ce manque de désir ?
Les deux partenaires se mettent à éviter la rencontre amoureuse. L'excuse de la migraine est remplacée aujourd'hui par la fatigue, mieux cotée ou encore par la télévision, véritable arme anti-libido. Chacun peut adopter un comportement de fuite, en se réfugiant dans de nombreuses activités ou en s'endormant vite.
Pourquoi ce type de comportement se multiplie ?
Ceci est lié à l'émergence des couples copains, qui se connaissent depuis l'adolescence ou la faculté. Ils vivaient leur amour tranquille chez papa et maman. Quand ils se décident à s'installer, ils changent de statut. Leur budget est limité, les tâches ménagères s'amoncellent et... la passion amoureuse s'est émoussée. La désillusion pointe son nez et la sexualité est souvent la première victime en cas de conflit dans le couple. Cela dit, le climat économique est aussi sans doute à blâmer. Quand on a des soucis, qu'on est en perte de statut social, la libido, forme d'énergie vitale, passe au second plan, s’appauvrit. Notre époque enfin surinvestit médiatiquement le champ de la sexualité. Quand celle ci se discute sur la place publique, l'érotisme et la créativité individuelle chutent.