Cette technique qui a pour but de nous apprendre à ne plus nous laisser piétiner par tous ces gens qui ont les moyens de nous faire céder : boss fan de réunion à 19 heures, directrice de crèche moralisatrice ou prétendant trop entreprenant, s’appelle " l’assertivité ". Démonstration !
Toute notre éducation tend à nous inculquer la discrétion, l'altruisme, la politesse... Un gros handicap à l'âge adulte où il faut plutôt savoir dire non et oser dire oui. Cette technique d'affirmation de soi s’ appelle "l'assertivité" et a l'avantage de la simplicité.
Elle permet de comprendre pourquoi la même personne peut être star au bureau et figurante à la maison. Ou inversement. Comment ? En distinguant trois "zones" de comportement.
Dans la "zone de confort", les démarches sont faciles et les relations avec autrui sans risque ; dans la "zone de progrès", on arrive à s'en sortir mais il faut faire un petit effort. Alors que dans la "zone de panique", le trac paralyse et fait tout capoter. Le but est de dilater la "zone de confort" en y intégrant tout ce qui se situe au départ en "zone de progrès". En privilégiant toujours le comportement "assertif', plutôt que la fuite (nul), l'agressivité (odieux) ou la manipulation (infect).
Bref, en liquidant l'enfant trop bien dressé qui sommeille en nous. Et comme pour les femmes, spécialement conditionnées au sacrifice, ne plus se laisser marcher sur les pieds relève souvent de l'urgence.
Buller à la terrasse
Vous êtes en bande aux sports d'hiver. "Ils" partent tous en randonnée-ski de fond, vous décidez de rester bronzer à la terrasse des Joyeux Chamois. L'efficacité de l'exercice dépend de la gratuité de l'acte : si vous ne tenez pas plus que ça à la séance de bronzette, votre choix sera une pure affirmation d'indépendance. Un acte gratuit... très payant.
TOUT FAUX : prétendre qu'on a un tendon froissé quelque part (manipulation), laisser entendre qu'on a un peu trop vu ses compagnons de vacances (agressivité).
LA TECHNIQUE : affirmer et informer. "J'ai envie de buller un peu, je reste ici et je vous retrouverai en fin d'après-midi."
Cette démarche basique s'acquiert dans la plupart des cas vers l'âge de 12 ans. Mais quand on est d'une timidité maladive, obtenir ce type de faveur (faire bande à part sans qu'on vous le reproche) est un premier pas décisif.
Récupérer le bureau près de la fenêtre
Nouveaux locaux, nouveau bureau, mais il faut le partager avec Nadine et Gérard. Celui qui a vu sur les arbres de la rue est le plus convoité. Ce n'est pas une raison pour y renoncer, au contraire. Il vous offre une bonne occasion de progresser dans l'acte gratuit : vous formulez une demande, mais l'échec éventuel est sans conséquences. A condition de ne pas transformer le mini-challenge en affaire personnelle : c'est le plus sûr moyen de perdre le contrôle d'une situation. Et de s'exposer à de graves mortifications en cas de flop.
TOUT FAUX :
le coup de force (agressif) qui procure un avantage mineur : le bureau, au prix d'un inconvénient majeur l'hostilité durable des prétendants évincés. La manipulation les prétextes médico-psy ("je fais un syndrome de dépression saisonnière") permettent peut-être d'obtenir le bon bureau, mais pas d'atteindre le but : demander pour s'affirmer.
LA TECHNIQUE :
dire "je", claironner sa préférence et consulter les autres. " J'ai envie de ce bureau, êtes-vous d'accord pour que je m'y installe ".
Au besoin, donnez une ou deux raisons pour appuyer votre demande (vous êtes la plus ancienne, vous avez l'habitude de travailler près d'une fenêtre, vous avez déjà donné en travaillant longtemps dans un coin sombre, etc.).
Si des concurrents se dévoilent, ne cédez pas, négociez ou trouvez un mode d'attribution neutre, le tirage au sort par exemple : l'échec ne réduira pas votre zone de confort.
Secouer Mme Plumeau
La fée (mercenaire) du logis s' est découvert une vocation de bergère. Elle compte paisiblement les moutons qui pullulent sous les meubles, sabote le repassage et néglige les vitres. Il faut lui rappeler qui commande. Pas facile quand on n'a pas la bosse du pouvoir.
TOUT FAUX :
les réflexions sournoises (manipulation) ou l'explosion : votre crise agressive la poussera vers la porte et il faudra la remplacer.
LA TECHNIQUE : s'en tenir aux faits pour poser la bonne question. Laquelle n'est pas "Mme Plumeau se paie-t-elle ma tête ?", Mais "pourquoi est-elle là ?" Et (donc). Que doit-elle faire ? " Puis constater (les vitres sont sales, il y a de la poussière sous le canapé) et conclure (il faut les nettoyer, passer l'aspirateur sous les meubles) sans jamais entrer dans des considérations personnelles : l'amour-propre est la voie royale vers la zone de panique.
L'objectif est d'expliquer à l'interlocuteur pourquoi son attitude pose problème et comment il peut le résoudre. Surtout pas de rendre la justice et de condamner : pas de "Mme Plumeau, vous êtes une cossarde". Au contraire, laissez-lui toujours un moyen de sauver la face : "je vous propose de repartir à zéro et de vous décrire point par point ce que j'attends de vous."