L'un des secteurs les plus demandeurs en QE : l'école.
Pour qu'un gamin sache maîtriser ses pulsions agressives, il faut que sa
famille lui ait appris à les gérer par le dialogue. Un terme fait florès
pour désigner les individus à qui personne n'a enseigné ce code de
savoir‑vivre : les illettrés émotionnels.
D'où l'éclosion de "classes
d'émotion". On n'évite pas le conflit, on le résout. On remplace le
traditionnel "fuck you" suivie du poing dans la tronche par l'expression
des points de vue respectifs et l'écoute active. Et on apprend à
s'observer soi‑même, à s'écouter avant d'exploser : "Votre coeur
s'accélère, vos mains deviennent moites et vous serrez les fesses, mais
vous essayez d'écouter vraiment l'autre sans crier, sans accuser, sans
vous fermer comme une huître pour vous défendre..." Miracle, ça marche.
On
apprend aussi à nommer ses émotions avec le vocabulaire adapté. Des
techniques qu'on pourrait importer en France, dans les collèges sensibles,
pour traduire l'habituel "Casse ta race ! J'vais t'destroyer la gueule"
par des expressions plus appropriées pour manifester son désaccord. Ce
serait moins démagogique que de s'extasier sur "la richesse de 12 langues
parlée dans les banlieues".
Le docteur Francis Curtet, directeur de l'association Grande Ecoute,
estime de son côté que laisser les enfants, et en particulier les garçons,
exprimer leurs émotions pourrait être l'un des meilleurs moyens de
prévenir les toxicomanies (3) : "Qu'il y ait trois fois plus de garçons
toxicos que de filles n'est pas un hasard : c'est parce que la pression
sociale est beaucoup plus forte sur eux.
Laissons‑les exprimer leurs états
d'âme. C'est faute de pouvoir donner libre cours à leurs émotions que
certains recherchent dans la drogue des sensations aiguës.
1) L'Erreur de Descartes par Antonio R. Damasio, Ed. Odile Jacob. 2)
Comment sortir de son trou et Comment prendre le pouvoir par Bernard
Leblanc‑Halmos, Ed. Albin Michel. 3) La drogue est un prétexte, Ed.
Flammarion.