Il a fallu de longues et minutieuses observations pour mettre au point ce système de décodage des gestes.
Il a fallu étudier des personnes de tous âges, de toutes conditions sociales, dans les circonstances les plus diverses, pour parvenir à percer les secrets de nos attitudes intimes.
Deux Américains, hommes d'affaires et consultants en négociation, Gérard Nierenberg et Henry Caléro, ont filmé en vidéo un très grand nombre de personnes en situation. Puis ils leur ont demandé d'expliquer ce qu'ils pensaient, ce qu'ils ressentaient, au moment où ils étaient filmés. Et leurs conclusions rejoignent de tous les autres chercheurs en la matière. "Mais attention, préviennent-ils, il ne faut pas donner aux gestes une signification trop rigide, trop absolue. Ainsi, se frotter le nez trahit le doute et l'hésitation, voire la dissimulation. Mais il ne faut pas oublier que l'on peut aussi se gratter le nez simplement parce qu'il démange !
Il faut donc également bien observer la façon dont votre interlocuteur fait son geste. Celui qui hésite se frottera le nez de façon plus subtile et plus légère que l'autre.
Mains ouvertes, jambes parallèles : la jeune femme de gauche cherche compréhension et approbation. Détendue mais relativement fermée (jambes croisées), son interlocutrice lui accorde une attention un peu distante. En recul, elle observe. Elle est en situation d'attente.
Un seul geste, isolé de son contexte, ne veut pas dire grand-chose.
Comme tous les langages, celui des gestes possède ses règles et sa grammaire.
Chaque geste prend un sens selon celui qui le précède et celui qui le suit, exactement comme le font les mots dans une phrase.
Lorsqu'on observe une attitude, il faut donc isoler les gestes qui ont la même signification, la même cause, qui renvoient à la même attitude. D'autant que, parfois, dans une même attitude, certains signes se contredisent, se brouillent, s'atténuent ou s'amplifient les uns les autres. Ne pas oublier non plus de prendre en compte les habitudes de celui qui parle, sa personnalité, voire son métier. "Beaucoup de gens prétendent savoir juger une personne d'après sa poignée de main, remarquent Gérard Nierenberg et Henry Caléro. Il est vrai que les mains moites sont souvent signe de nervosité. La poignée de main molle est mal ressentie, bien qu'il puisse y avoir des circonstances atténuantes : les athlètes retiennent souvent leur pression de peur d'exercer toute leur force. A l'inverse, les chirurgiens ou les artistes ont tendance à protéger leurs mains du contact car ce sont leurs instruments de travail (les masseurs aussi). "
Ainsi, avant de penser que votre concierge ne vous aime pas, regardez comment elle dit bonjour aux autres habitants de votre immeuble. Peut-être est-elle tout simplement timide.
Avant d'envoyer promener votre collègue de bureau qui vous parle d'un peu trop près, assurez-vous que la zone intime n'est pas sa zone d'expression favorite.