La sexualité est un
plaisir très raffiné. Le risque de routine dans la vie d'un couple reste
grand, alors ne vous privez pas de ces fantasmes qui ouvrent les voies du
plaisir en apportant à l'acte sexuel un ensemble d'excitations nouvelles,
fortes en sensations et en images.
La sexualité et le
désir ont besoin d'êtres agrémentés de mystères, de jeux et d'interdits à
transgresser. Faire des "choses" plus ou moins interdites augmente
fortement l'excitation. La peur associée à cette transgression a également
un effet positif.
Par exemple, un enfant
prend plus de plaisir à manger une pomme qu'il a du mal à dérober en
grimpant sur l'arbre du voisin. Et une femme est plus excitée en faisant
l'amour dans un parking au risque d'être vue, que tranquillement dans sa
chambre.
Mais la peur peut a
contrario, avoir un effet négatif et bloquer la personne qui ne se sent
pas bien dans une situation inhabituelle. Un homme qui a ainsi toujours eu
le fantasme de faire l'amour à une hôtesse de l'air peut, le jour venu, se
trouver dans l’impossibilité de réaliser son désir. Il n'arrive pas à
avoir d'érection, alors que la belle se montre prête et soulève sa jupe.
Le fantasme de faire l’amour au bureau peut également être une situation
trop forte, entraînant la perte de moyen et… d’érection !
A vouloir refouler ou
réprimer leurs fantasmes, nos patients voient leur sexualité s'inhiber,
leurs désirs diminuer ou même des déséquilibres d'ordre psychologique
apparaître.
Le sexologue, lors
d'une consultation, va être amené à rechercher et à décrypter les
fantasmes négatifs. Une fois ce travail effectué, le partenaire capable à
présent de les entendre pourra les partager dans son couple. Cela permet
d’une part de pimenter la vie sexuelle et d’autre part, de ne pas rester
en permanence fixé sur ces pensées érotiques. Car faire l’amour en pensant
systématiquement à ses fantasmes, risque de faire entrer l’un des
conjoints dans une sorte de conduite auto-érotique qui le couperait de la
réalité.
Dire ses fantasmes
peut amener un des deux partenaires à vouloir les réaliser, mais ils ne
doivent jamais être imposés. Et en matière de limites, tout est une
question d’individu.
Prenons l’exemple de
ce couple de médecins que j’ai eu l’occasion de suivre en thérapie. La
femme aimait, une fois tous les trimestres, que son mari lui organise une
petite fête à la maison. Il faisait venir deux hommes ou trois qu’ils
connaissaient pour les regarder étreindre son épouse. Elle aimait que cela
se passe avec une vulgarité verbale, une certaine forme de contrainte et
que cela s’achève en se faisant uriner dans la bouche. Son mari devait
uniquement regarder. A la fin, les hommes devaient partir rapidement, elle
ne voulait surtout plus les voir. Plus tard, elle appréciait assez, lors
des rapports sexuels avec son mari cette fois, qu’il lui raconte tout ce
qu’il avait vu. Le couple s’entendait très bien, leur complicité et leur
amour était de très grande qualité.
Ce qui est intéressant
à souligner, c’est la réaction de l’épouse lorsque son mari lui demanda un
soir, s’il pouvait lui faire l’amour en l’attachant et en lui bandant les
yeux. Elle répondit : « Non, mais pour qui tu me prends ! ». Une
réaction qui peut vous paraître surprenante, mais qui souligne bien les
frontières de chacun.
Docteur Erick Dietrich