Pour éviter la routine
et les aventures clandestines, de plus en plus de couples cherchent à
réaliser ensemble leurs fantasmes sexuels en se livrant à des pratiques
extrêmes. Le jeu peut-il s’avérer dangereux ?
Il n’est plus un jour
sans qu’un livre, un magazine ou une émission de télévision n’en parlent.
« Il n’est pas un jour où je suis questionné à ce sujet. » précise Paulin Leclerc. Echangisme, triolisme,
hermaphrodisme, sadisme, masochisme, fétichisme ou voyeurisme: les «ismes»
de la sexualité sont partout. La transgression est devenue un must.
Explorer les sensations érotiques ou mourir idiot. Même les grands
couturiers s’y mettent: Sonia Rykiel n’a t’elle pas conçu un godemiché
très tendance, vendu dans un joli sac de velours, bien en vue dans sa très
chic boutique du boulevard Saint-Germain ? Sur le fond, rien de bien
nouveau.
Cette quête éperdue de
sexe, propre à l’espèce humaine, ne date pas d’hier: les Grecs anciens
mettaient en scène des jeux bien plus débridés. Sans parler du marquis de
Sade ou des Liaisons dangereuses. Chaque époque laisse, à sa façon, une
place à la réalisation des fantasmes. Ce siècle aura-t-il simplement
popularisé des pratiques vieilles comme l’humanité?
Pas seulement. Car la
vraie nouveauté est ailleurs : elle réside aujourd’hui dans l’importance
que ces comportements sexuels extrêmes revêtent au sein du couple moderne.
Ce n’est plus avec un amant, une maîtresse ou des aventures passagères
qu’on développe sa sexualité, c’est avec son conjoint.
Après le couple
institutionnel puis le couple romantique, voici venue l’ère du couple
«sexuel». On ne demande plus seulement à son couple de la sécurité ou des
sentiments, mais aussi des sensations sexuelles. « Le couple est devenu le
support identitaire de la sexualité, explique Paulin Leclerc. Les gens
veulent se faire reconnaître au sein même de leur couple comme des êtres
sexués. Avant, ils allaient se faire reconnaître ailleurs. Maintenant, ils
transgressent ensemble. Et cherchent, dans les sensations partagées, cette
reconnaissance. » C’est beaucoup plus compliqué.