Coucher d'abord, le seul moyen d'en avoir le coeur net
Il y a aussi celles qui votent contre l'amour en viager
(celui où il faut payer des années avant d'entrer en possession de son bien). Avec un tas d'arguments, hédonistes, moraux, pratiques.
Le premier est incontournable :
pour aimer, elles ont besoin de savoir, de toucher. "Je suis incapable d'établir une relation sentimentale et intellectuelle avec un homme qui me plaît, si je ne fais pas d'abord l'amour avec lui. Si je fais les choses à l'envers (causer avant de coucher), je minaude, j'essaye de séduire, je me déteste et tout foire."
Valérie est une farouche adepte du romantisme, mais pas à la Bovary. "Il faut dépasser la tension du désir et de la frustration pour pouvoir rêver d'amour, inventer des choses vraies, des moments d'intimité qui ne soient pas des succédanés du plaisir sexuel. C'est quand on est sûr de se plaire, à fond, qu'on peut libérer toute l'énergie créatrice. Et si on se plaît, ça se sait tout de suite, au premier regard." Bigre. Sa plus belle histoire, l'actuel père de son fils, ça s'est fait comme ça : " Je l'ai connu un vendredi. A la cafétéria de l'hôpital, à 23 heures. On prenait un sandwich l'un en face de l'autre. Je lui ai demandé s'il avait une femme, des enfants, s'il n'avait pas les boules de bosser un vendredi soir.
Cette conversation banale nous a troublés. Le lendemain, j'allais chez mes parents. Je lui ai envoyé un fax torride. Le lundi, je lui ai demandé s'il voulait aller passer la nuit dans ma maison de campagne. J'ai loué une voiture. Voilà, on est parti tous les deux. "
Carole, elle, travaille dans la "musique" (une maison de disques), elle sort beaucoup, aux concerts, aux fêtes d'après concert, des endroits où, la nuit les garçons sont tous plus intéressants et beaux les uns que les autres. "On peut passer sa vie à se demander si, de jour, ils sont aussi intéressants et beaux les uns que les autres. "On peut passer sa vie à coté de tout. Séduire, se laisser séduire jusqu'à l'écoeurement, sans rien consommer, avec au bout du compte, une sensation de vide et d'inutilité."
Plus jeune, jusqu'à 25 ans, elle a pratiqué traditionnellement. Attendre la fête d'après dans l'espoir de l'y retrouver un peu plus saoul que la fois précédente, se morfondre des journées face au téléphone quand elle avait osé laisser un numéro... Aujourd'hui, à 30 ans, elle attaque. "Un garçon qui me plait, me drague vaguement et disparaît dans la foule, je le marque à la culotte. Pour lui signifier que je suis OK. Après, c’est lui qui décide si on repart ensemble ou pas. C’est d’une belle nuit que naît l'envie de prendre un café le matin ensemble, pas l'inverse. Moi, en tout cas, je suis d'un naturel cassant. Je ne peux être humaine avec un homme que lorsqu'il y a entre nous cette intimité, cette confiance sur une réalité plus sincère que des mots."
Ces deux-là, et les autres de leur espèce, ne veulent pas être confondues avec celles qui lèvent n'importe quel mec par pur besoin physiologique "Je ne me lance que quand je suis certaine que pas un détail de sa personne, de sa façon de parler, de se mouvoir, ne me heurte. Ça ne trompe pas. "(Carole). Valérie admet qu'il lui a fallu passer, depuis son adolescence, par plusieurs expériences "décevantes "pour reconnaître, à coup sur, l'homme qui assurera. "Celui qui a envie de prendre ce que je peux lui donner, qui saura lui donner de la valeur, rester discret."
Il y a cinq ans, en vacances sur une île lointaine, elle a demandé à un plongeur sous-marin allemand de passer la nuit avec elle. "Très simplement, je parlais trois mots de sa langue, lui, trois de la mienne." Il était marié en Allemagne, il a hésité, puis décliné. Ça fait cinq ans qu'ils se voient, à chaque fois qu'il vient en France. "Il regrette, mais pour moi, c'était là-bas qu'il y avait une chance que l'étincelle prenne. Je ne suis plus disponible pour ça. Mais, je peux mesurer que je ne m'étais pas trompée à l'époque : c’était un homme sensible, intelligent qui aiment les femmes…"