Le CB peut aussi cacher un amour authentique mais éteint. Exemple : quand
il singe la passion, soi-disant pour préserver les enfants.
Comme Bruno et Marie, séparés depuis : « Il y avait longtemps que je ne
supportais plus Bruno. Mais je dissimulais mon ras-le-bol, parce que c'est
exactement le genre de type que tout le monde adore: drôle, fêtard,
convivial, à l'aise partout... A chaque fois que j'essayais de me confier,
mes copines me clouaient immédiatement le bec: "Tais-toi, tu as un mec en
or." Peut-être. N'empêche que c'est moi qui me le coltinais au quotidien.
Elles, elles ne connaissaient pas le revers de la médaille : son côté
égoïste, immature, influençable... Mais à l'époque, je pensais que nos
enfants devaient passer avant nous. Et je voulais qu'ils aient mieux que
des parents qui ne se disputent pas devant eux, des parents qui s'aiment.
Ou du moins qui font comme si. Qui se tiennent par la main dans la rue.
Qui sortent "en amoureux" (en fait, chacun de son côté une fois la porte
refermée). Un papa qui offre des fleurs en revenant du marché ("Fais-le
pour les enfants...").
Et les enfants, justement, ils prenaient ça comment ? « Parfois ils
marchaient à fond :"Oh les amoureuuuuux..." Parfois ils nous mettaient à
l'épreuve :"Dis Maman, tu l'aimes papa ? Alors dis-le lui. Ben pourquoi tu
veux pas ?" »
Eh oui, les enfants sont rarement dupes de ce petit jeu... Parents et
beaux-parents, en revanche, gobent souvent la version officielle beaucoup
mieux. Que ne raconterait-on pas comme bobards pour éviter une contrariété
à papa/maman qui adore son gendre/sa bru ? Surtout quand on est la seule
de ses enfants à ne pas avoir encore divorcé. Ou à ne pas lui avoir
présenté dix « hommes-de-ma-vie » successifs. Quand ta mère te serine que
tes soeurs me tuent à petit feu, avec leurs histoires qui se cassent la
figure, qu'elle en est malade pour les petits,et qu'heureusement « vous
deux au moins, c'est une affaire qui roule », "tu ne peux pas l'achever en
lui révélant qu'eh non, ton couple bat plutôt de l'aile en ce moment lâche
Sandrine, six ans de vie en duo correctes, trois ans d'incommunicabilité à
la Bergman. Donc j' ai joué le jeu. "