« Les chats ne font pas des chiens », dirait‑elle d'ailleurs. Une fois le
tri effectué entre bonnes habitudes à garder et « sales manies », au terme
d'une « négociation mystérieuse avec soi‑même » plus ou moins consciente,
reste une foule de rituels,de recettes, de bizarreries, de tics de langage
qu'on se refile « de mère en fille ».
Exemple classique : notre côté tornade blanche. C'est vrai, ça nous mine
d'arriver systématiquement en retard le matin parce qu'on ne peut pas
claquer la porte tant qu'une miette par terre ou une trace de doigts sur
le mur nous offense la vue.
Mais comment s'empêcher de continuer à donner des signes invisibles de
loyauté à la Madame Propre qui nous a donné le jour ? « Tout ça, c'est
aussi la preuve que j'ai dépassé nos conflits, et même,que je me suis
rapprochée d'elle depuis que j'ai des enfants », sourit Christelle, 36
ans, qui ne peut pas supporter de jeter un savon avant qu'il soit réduit à
l'état de paillette solitaire et décolorée. Et dont la mère (comme par
hasard) récupérait les morceaux en fin de vie en les agglomérant dans un
pied de vieux collant.
Certes, ce quasi‑clonage nous agace parfois (ainsi que notre jules, chez
qui bien sûr, on ne fait pas comme « chez nous » ... ).
Mais quand on
décide de ne conserver aucune des traditions familiales, de la balade au
grand air du dimanche matin aux bols du petit déj préparés la veille au
soir, on se doute bien que c'est le symptôme que quelque chose ne tourne
pas rond dans notre relation avec Mother...