Une meilleure copine, c'est parfois un divan gratuit. On s'allonge et on lui dit tout. Sans tricher. Facile, depuis le temps qu'on se connaît.
Elle sait, ELLE, que notre vrai petit nom c'est Marie-Thérèse, pas Marie tout court. Qu'on a été punk, que le barbu poilu sur nos photos de famille, c'est la "petite amie" de notre frère. Et que, quand on passe sur le billard pour se faire enlever un grain de beauté -version officielle à l'usage exclusif du reste de la terre-, c'est d'hémorroïdes qu'il s'agit...
Bref, on n'a pas de secret pour elle. Enfin, presque pas. Parce qu'avouons-le, il y a quand même quelques restrictions.
Pas question, par exemple, de taper (trop fort) sur notre homme, Hippolyte. Aux yeux du monde, à commencer par ceux de cette complice de toujours, il doit rester le type qu'on a eu raison de choisir.
Pas question non plus de lui confier nos pires lâchetés -on n'a toujours pas entamé la rééduc' périnéale, deux ans après la naissance du petit dernier- ou ce qu'on pense -vraiment- de son nez refait. Ça la blesserait et puis, c'est trop tard.
Sans compter les choses anodines, qu’elle serait tout à fait prête à entendre -"T'as un point noir dans l'oreille", " j'ai peur en bagnole avec toi"- qu'on ne dit pas sur-le-champ et qui passent à la trappe, pour d'obscures raisons : C’était pas le moment, pas l'endroit, y'avait des témoins.
Bref, on cache même à sa meilleure copine...