L’audace n'est plus notre qualité première. Ce qui nous entrave ?
Le syndrome " à mon âge,
ça se fait plus ". S'applique aussi bien à Disneyland, où on fait coucou de loin aux gamins au lieu de spiraler dans Space Mountain avec des oreilles de Mickey (y'a que les Ricains pour oser), qu'à la soirée déguisée, où on résiste à la tentation du machin à frous-frous (trop premier degré) pour la jouer minimaliste, en jean, avec juste le grain de beauté de Cindy Crawford sur la joue.
Une réserve tout à fait fondée quand il s'agit de préserver sa crédibilité professionnelle (pas question d'exécuter une Macarena sauvage à la fête de la boîte) mais qui, à force, est devenue une seconde nature.
Plus besoin d'enjeux pour se gâcher un dîner-spectacle (une : idée de Stéphanie), malgré des sketches tordants. C'est plus fort que nous : faut qu’on critique le décor, l'ambiance, le principe même (l'amusement sur commande) ou les spectateurs.
Plus question non plus de s’amocher les cervicales sur une autotamponneuse.
Ni de se lancer dans des rocks échevelés, au bal popu, avec les gars du coin (comme le 14 juillet 87, un excellent souvenir).
Agrippée à notre siège, on prie pour que personne n'interrompe notre ennui (qu'est-ce qu'on pourrait bien raconter à des fermiers du perche ?).
Et si quelqu'un s'interroge sur cette remarquable inertie, on lâche un " Ça ne m'intéresse plus, tout ça ! " désabusé.