Qui sait si notre bien aimé ne va pas
sauter sur l'occasion et retourner le jeu en sa faveur?
On croyait prendre
l'avantage, maîtriser la partie, et voilà que ça se retourne contre nous.
Sa riposte est sans réplique : « Puisque tu me trompes, je te trompe
aussi, après tout on est libre.»
Si on n'a pas d'autre homme dans notre
vie, on va payer notre petite duplicité en se rongeant les sangs dix fois
plus qu'avant. Le pur et dur peut s'en tirer avec la formule « puisque
c'est ça, je te quitte ».
Patricia en a fait les frais : « je vivais une
liaison depuis plusieurs mois avec un homme marié et je trouvais la
partie très inégale. Il naviguait entre sa femme et moi, moi je n'avais
que lui... En lui faisant croire que j'avais rencontré quelqu'un, je
voulais lui signifier que je ne l'attendrais pas éternellement et qu'il
faudrait bien qu'il choisisse. Il a choisi, mais pas comme je l'avais
espéré : il n'allait tout de même pas foutre sa vie en l'air pour une nana
volage qui succombait au premier venu. Il se sentait trahi, souillé,
triste, déçu (sic !) ... Il ne m'est resté que mes yeux pour pleurer. »
Douloureux, bien sûr, mais après tout on se demande jusqu'à quel point cet
homme‑là n'a pas saisi la perche qu'on lui tendait involontairement pour
prendre ses jambes à son cou et se dépêtrer d'une histoire dans laquelle
il était mai à l'aise.
Paradoxalement, le mensonge ou la duplicité
peuvent au moins avoir l'avantage d'éclaircir des situations bancales. En
clair, s'il vous trompe ou vous quitte, c'est qu'il n'attendait que votre
permission. S'il reste, c'est qu'il tient vraiment à vous, les choses
deviennent intéressantes. « Depuis que Nikos me soupçonne d'avoir une
liaison, j'ai l'impression de mener le jeu, avoue Violaine, satisfaite.
J'aime bien l'ambiguïté de ce marivaudage. Refuser de dîner avec lui au
dernier moment parce que j'ai "un truc" auquel je ne peux pas l'emmener...
et sentir qu'il panique mais n'ose pas poser de questions, de peur que je
t'envoie sur les roses. Parce que je persiste à nier l’existence d'un
autre mais continue de répéter que, comme il va décidé, nous sommes libres
et pas obligés de nous rendre des comptes... Il finira bien par craquer et
me demander de vivre avec lui ! »
Reste qu'il faut pouvoir tenir la
distance, être sur ses gardes, savoir jusqu'où on peut pousser le
bouchon, avant que l'autre ne se lasse de ces jeux de l'amour et du
hasard et que, soi‑même, on ne ressente une certaine frustration.