Malgré
l'émancipation des femmes, l'initiative incombe toujours à l'homme.
La
femme en est le chef d'orchestre : elle encourage ou décourage les
comportements de l'homme.
Il la sollicite de nombreuses façons :
l'offrande alimentaire, les cigarettes, les regards, la parole...
Il tente
sa chance, il est intrusif et, selon la posture de la femme, il sent si
elle accepte ou non l'intimité offerte.
D'ailleurs, il suffit d'observer
un couple, même de loin, pour savoir à coup sûr s'ils sont amoureux. Car,
dans ce cas, la femme synchronise ses gestes sur ceux du paradeur. Elle
hausse les sourcils, le regarde dans les yeux, sourit, hoche la tête,
oriente ses genoux vers lui, se penche en avant...
A l'inverse, si elle
détourne son regard, fronce les sourcils, se recule lorsqu'il parle,
détourne les genoux, croise les bras... elle indique un refus.
Observez
des couples attablés, souvent ils sont penchés l'un vers l'autre, ne
laissant entre eux qu'une très faible distance. Mais seuls des amoureux
seront capables de se parler et de se sourire tout en se regardant droit
dans les yeux.
Ainsi, en deçà de la parole, la synchronisation des
émotions est intensément perçue, le langage silencieux parfaitement
compris, bien qu'en partie inconsciente.
Nos gestes nous révèlent et sont,
tout autant que nos vêtements, chargés d'informations et d'histoire.
Dans la parade amoureuse, tous les gestes sont-ils possibles ?
Les tabous font partie intégrante de notre histoire. Dans notre culture
occidentale, le principal tabou reste le toucher.
On ne peut, en effet, se
laisser aller à un comportement trop tactile. Le code de l'accès au corps
est particulièrement réglementé : saisir une main ou, éventuellement, un
bras demeure dans le registre amical, mais entourer une épaule implique
déjà une certaine intimité, et enlacer une taille est un geste
sexualisé...
Le reste du corps ne s'approche que dans la plus stricte
intimité, secrètement.
Y a-t-il des sociétés plus "libérales" que la nôtre ?
A chaque culture son tabou. En Afrique, le toucher est beaucoup plus libre
et, dans une certaine civilisation australienne, il est même obligatoire.
Là-bas, pour se présenter, il est d'usage de sourire puis de mettre sa
main, par exemple, sous l'aisselle de l'autre et de porter sa main à son
nez.
Cette cérémonie a une signification précise : en la reniflant,
j'accepte ton odeur, ta signature corporelle, donc je t'accepte.
Cette
attitude serait chez nous extrêmement choquante car elle transgresse deux
tabous : le toucher et l'odeur. Depuis que les parfums sont apparus en
Occident, l'odeur de nos corps est devenue taboue.
Pourtant, et malgré les
parfums, les déodorants et autres antitranspirants, on n'a de cesse de
définir l'odeur de l'autre.
En amour, elle est capitale. Notre sens
olfactif est si puissant qu'une odeur peut provoquer l'attirance autant
que la répulsion et cela parce que ce sens est directement connecté à
notre mémoire et à l'émotion.
Autant n'importe quel autre " défaut" peut,
au fil des jours, nous attendrir lorsqu'on est amoureux, autant on ne
tombera jamais amoureux si l'odeur de l'autre nous est franchement
désagréable.