Stop ! Et si on arrêtait de jouer les coincées de service ? De faire
semblant d'être choquée alors qu'on serait plutôt... troublée. Voire
tentée. Dans une société où l'infidélité est presque érigée en norme, on
est peut‑être bien c... de ne pas en profiter.
Finalement, si l'idée nous dérange, peut‑être est‑ce moins par manque
d'envie que par manque d'audace : on traîne de vieux complexes (Plais‑je
encore ? Suis‑je cap'?). On a la trouille (de tomber amoureuse, de perdre
le contrôle ... ).
Surtout, ça nous renvoie aux insuffisances de notre couple (« T'as bientôt
fini, le Carrère ? » « Mmh ? Pourquoi, t'as plus rien à lire ? » Sûr, le
créneau 23‑24 h est torride en ce moment).
Et à nos désirs non assumés. Car si ça se trouve, au lit, on se contente
du minimum syndical, parce qu'on ne sait même plus comment c'est au début.
Totalement en veilleuse, notre E SERVICE ? sexualité.
A force, on va finir aigrie. Car si on n'ose pas s'offrir un extra à 32
ans, qu'est ce que ce sera à 50 ! Qu'est‑ce qui nous en empêche ? Le
manque d'occases ? La perspicacité de notre homme ? Tu parles. Les soirs
de charrette, quand on rentre du bureau passé 21 heures, on le retrouve
affalé devant Canal, zéro soupçon, zéro question.
Le créneau horaire, on le trouverait facilement... D'ailleurs, curieux
comme ces temps‑ci, on regarde les hommes différemment. Si on avait un
amant, lequel on choisirait ?
Ce grand brun qu'on croise systématiquement, matin et soir en
prenant/garant la bagnole au parking, et avec qui on échange des bonjours
amusés depuis trois mois? Ou le prof de piano ‑25 ans, très joli garçon‑
qui nous entretient longuement, tous les mercredis, des prodigieux progrès
de Lily ? Maintenant qu'on y pense, il ne fait sûrement pas ce numéro‑là à
toutes les mamans...