Il n'y a pas si
longtemps, on réservait avec mépris cette mystérieuse faculté aux
cartomanciennes. Aujourd'hui, on ne compte plus les livres qui proposent
une méthode pour aiguiser son sixième sens. Alors, l'intuition,
authentique mode de connaissance ou poker menteur ?
En se promenant dans
Paris, Audrey s'est souvent dit: «C'est là.» Une petite voix intérieure
persistait à placer l’institut de ses rêves dans ce quartier hors de prix.
Pari risqué pour une jeune chef d'entreprise de 25 ans qui dirigeait avec
cinq associés un salon à succès.
Audrey vend ses parts et redémarre seule.
«J'avais mon emplacement de rêve. Mais, pour attirer la clientèle
exigeante du quartier, il fallait mettre le paquet sur l'ambiance. Le hic,
c'est que mon budget réduit m'imposait un choix: la décoration ou la
publicité de lancement. Là encore, la petite voix m'a montré le chemin:
«Il faut que ce soit beau.» Et ça a marché.
Si l'intuition est
autant à la mode, c'est parce qu'elle semble faire gagner du temps dans un
monde où tout va vite.
Ceux qui s'y intéressent pensent qu'elle va leur
permettre de court-circuiter de laborieux raisonnements. «Au début de ma
carrière, raconte Anne, j'étais très cérébrale. Un vrai Docteur Spock, les
oreilles en moins!
Mais, pour flairer les tendances en publicité,
l'intuition est indispensable. Il faut prendre des décisions très vite,
sans nécessairement avoir toute l'information.»
Elle a constaté que le
milieu des affaires valorise beaucoup l'intuition depuis quelque temps.
«Le mot apparaît de plus en plus souvent dans la littérature d'affaires.
Certains séminaires lui sont même consacrés.» Pourtant, un reste de
méfiance demeure. Ces flashs mystérieux, c'est de la magie? N'en déplaise
à la parapsychologie qui élève l'intuition au rang de «voie qui contient
la vérité», celle-ci n'est pas un don.
Tout le monde en a, à divers degrés,
et la met en oeuvre dans sa vie quotidienne, ne serait-ce que pour choisir
un menu ou la couleur de son rouge à lèvres.