Parmi les professions
«intuitives», Paulin Leclerc range bien entendu la sienne. «Pour un
psychosomaticien, il est essentiel d'être disposé à percevoir l'inattendu.
On n'arrive pas à une séance avec un plan d'entrevue! Il ne faut pas avoir
peur de la nouveauté, ne pas la bloquer, ne pas vouloir tout contrôler. À
la limite, il ne faut pas craindre la folie!»
Dans le milieu des
communications, l'intuition est une vertu. Mais, dans d'autres sphères, il
est mal vu de fonctionner par flashs.
Il est arrivé aussi qu'un mythe se
crée sans véritable fondement autour de certaines professions, par exemple
celle de profileur : dans Le désosseur, on voit Denzel Washington entrer
«intuitivement» dans la pensée d'un tueur en série. Pour Sylvianne Spitzer,
criminologue et membre d'un réseau international de profilage, c'est... du
cinéma! «Le profilage repose sur une méthode, sur des processus validés.
Pour faire preuve de fiabilité, il ne peut risquer d'être perçu comme une
profession qui fait uniquement appel à l'intuition.» Comme la plupart des
professions juridiques, le profilage est plutôt à placer du côté
«raisonné», rationnel...
Par contre, Pascale
Lounchoarn, conseil en recrutement, revendique haut et fort l'intuition
comme outil de travail. «Au début de ma carrière, j'avais un peu honte de
mon intuition. Je m'en méfiais même. Et puis, à force de me dire: "Je
l'avais sentie et je ne me suis pas écoutée", je me suis fiée à mon
flair.» C'est qu'il en faut pour mettre la bonne tête au bon poste! «Un
jour, un client m'a demandé quelqu'un d'enthousiaste pour un poste
d'adjointe. J'ai aussitôt pensé à une dame qui n'avait pas tout à fait les
qualifications requises mais qui débordait d'énergie positive. Et ça a
marché...»