L'intuition a aussi
mené à la plupart des grandes découvertes scientifiques.
Le Grec Démocrite
a eu l'idée de l'atome plus de deux millénaires avant l'invention du
microscope.
En prenant un bain, Archimède «allume» et invente le principe
qui porte son nom. Et, à 16 ans, Einstein s'imagine chevauchant un point
sur une onde lumineuse, préfiguration de sa théorie de la relativité.
L'éclair de génie ne
part pas de rien: il jaillit d'une accumulation de connaissances reléguées
dans l'inconscient. «L'intuition, explique Paulin Leclerc, c'est la somme
de nos expériences. C'est une synthèse, la pointe d'un iceberg. Quand un
élément de la réalité joue le rôle de déclencheur, une réponse apparaît.»
Rien ne sert de se
jouer à la paresseuse la comédie du feeling: votre intuition restera
muette si vous n'avez pas cultivé le terreau où va germer l'idée géniale.
Anne a sa méthode pour flairer les nouvelles tendances. «Je me nourris
d'informations. Je suis une boulimique du papier glacé, abonnée aussi à
plusieurs banques de données sur Internet. On absorbe, on oublie tout,
et... ça ressort sous forme d'intuition. Il n'y a pas de magie: c'est
comme une logique en accéléré.»
Aussi, pas d'éclair de
génie si on carbure au stress.
Ceux qui fonctionnent sur le «gros nerf»
occuperont peut-être tout le terrain pendant les séances de brainstorming,
mais ils seront très vulnérables aux fausses intuitions. Car les illusions
cognitives existent, tout comme les illusions d'optique : ces idées
apportent le même sentiment de certitude lumineuse que les vraies
intuitions... sauf qu'elles ne tiennent pas la route. Elles se dégonflent
comme des baudruches.
On ne force pas
l'intuition.
On la laisse venir. C'est souvent dans une période de
détente, alors qu'on s'y attend le moins, que la lumière se fait. Cela
peut se produire pendant une promenade, sous la douche ou au réveil. «Ma
méthode, c'est de m'arrêter, confie Audrey. Quand je n'y vois plus clair,
je file à la campagne, toute seule. Et là, je laisse l'intuition prendre
toute la place.»
Selon Paulin Leclerc,
l'expression «dormir là-dessus» est significative. «Il y a une sorte
d'incubation. On dirait que rien ne se passe, mais le travail se fait. Et,
tout d'un coup, la réponse apparaît. Nos expériences ne sont pas toutes
conscientes, loin de là. L'intuition fait largement appel à un processus
inconscient.»